Comment définir la conformité ?
C’est d’abord la qualité de ce qui est conforme — c’est-à-dire aligné avec la loi, les normes et les règles éthiques qui encadrent une activité. En entreprise, cela ne se limite plus à cocher des cases : la conformité est devenue un véritable pilier de la gouvernance moderne.
Dans le langage du management, on parle de compliance : la « Tax compliance » pour les obligations fiscales, la Business Social Compliance Initiative (BSCI) pour la conformité sociale, ou encore la conformité anticorruption exigée par la loi Sapin II.
Selon le professeur Antoine Gaudemet, la compliance désigne « un ensemble de techniques juridiques et de gestion imposées aux entreprises » afin d’assurer l’application effective des règles et de réduire les risques d’infraction. Il y voit aussi « la nouvelle police des activités économiques » née de la mondialisation — un moyen, pour les États affaiblis dans leur pouvoir d’action, de veiller au respect des règles par les grandes entreprises.
La compliance dépasse donc la simple obligation de se conformer : elle impose à chaque acteur privé ou public de prévenir les risques majeurs — corruption, fraude, harcèlement, discrimination, pollution, changement climatique, travail forcé… C’est une obligation de moyens renforcée : les organisations doivent démontrer qu’elles ont déployé les dispositifs nécessaires pour éviter que le pire n’arrive.
En pratique
Lorsqu’un scandale éclate, la question surgit : qu’a fait l’entreprise pour l’empêcher ? Pourquoi a-t-elle laissé faire ?
Derrière chaque affaire — financière, sociale ou environnementale — se cache une interrogation de compliance : la distance entre les valeurs affichées et les comportements réels.
La compliance et l’éthique constituent aujourd’hui le fondement des engagements extra-financiers des entreprises. Elles s’intègrent naturellement dans les démarches ESG (Environnement, Social, Gouvernance). On parle ainsi de gouvernance durable ou responsable, de finance durable, d’entreprises engagées.
Pour le résumer de façon très synthétique :
La compliance et l’éthique répondent à une question simple : que faites-vous pour que des risques majeurs — pour les individus, pour le système, pour l’État et pour les parties prenantes — ne se réalisent pas ?
Si la réponse n’existe pas ou reste floue, ce sont la réputation, les financements et les talents mêmes de l’organisation qui sont menacés.

